top of page

FANTAISIE D'ARCHITECTURE EN RUINE AVEC LA NAISSANCE DE VENUS

- Gherardo Poli, Fantaisie d'architecture en ruine avec la naissance de Vénus, 1ère moitié du 18e s., huile sur toile (c) Nancy, Musée des Beaux-Arts, photo. H. Maertens

FANTAISIE D'ARCHITECTURE EN RUINE.jpg
00:00 / 02:44

Récité par Ted London, étudiant du conservatoire

Chère amie, aujourd’hui j’ai repensé à toi.

En traversant cette forêt comme nous le faisions si souvent, autrefois, je suis repassé devant ces ruines que nous occupions, chaque soir d’été.

Je nous revois faire des efforts que nous n’aurions jamais fait ailleurs pour rendre l’endroit habitable. Une grosse bûche, une pierre encore couverte de mousse faisaient d’excellents fauteuils, préservant de la boue le cul de nos jeans, qui finiraient salis de tout façon.

Personne, pas même les plus anciens ne savaient pourquoi ces baraques miteuses avaient été construites. Ce n’étaient que des cabanes, des monuments sans but, oubliés dans la forêt. C’était sûrement ça qui nous plaisait le plus.

 

Je revois les danses. Les enceintes que personnes n’avait pensé à recharger crachant des chansons que seuls nous, nous aimions. Parfois, la musique s’arrêtait tout à coup, coupée par le cri de l’un d’entre nous, tombé par hasard face à un insecte inconnu ou une grosse araignée… Pourquoi y avait-il toujours une grosse araignée ? 

 

Je nous revois toi et moi, dans nos tenues colorées qui attiraient les moucherons, en train de nous raconter les milles histoires qui faisaient notre monde d’alors. C’est drôle, de cette époque, les ragots sont peut-être ce qui me manque le plus.

Les souvenirs se flouent, les visages se tordent et se mélangent. Comment s’appelait-il, ce prétentieux que nous avions décoré comme un sapin lorsque, après trois verres, il s’était endormi ? Et celle-là, que tu regardais au travers des flammes ? Les moments se confondent dans mon esprit. Il me semble que toutes ces nuits de vacances passées aux ruines n’étaient qu’un seul long épisode de nos vies.

Et toi ? Que te reste-t-il de ces nuits ? Nous crois-tu différents des autres de les avoir vécues ? 

 

En tout cas, chère amie, j’ai repensé à toi devant ces vieilles pierres. A toi et à la joie, surtout. La joie de nos réveils dès les premières lueurs, les cheveux encore en état, la colonne douloureuse, heureux quand même.  

Heureux d’avoir été, pour un moment, ensemble pour de vrai.

 

Je t’embrasse, chère amie, et espère te revoir bientôt, dans ces bois ou ailleurs.

Écrit par Nathan Boillot, étudiant du conservatoire

Nous te proposons de compléter ton expérience en écoutant cette musique :

Lord Huron, Meet me in the woods

https://www.youtube.com/watch?v=5v8wqI8KE_E

bottom of page