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PAYSAGE D'HIVER

Gysbrecht Lytens, Paysage d'hiver, 1re moitié du 17e s., huile sur bois © Nancy, musée des Beaux-Arts, photo. P. Mignot

PAYSAGE D'HIVER.tif
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Récité par Nathan Boillot, étudiant du conservatoire

Cher.e ami.e,

Aujourd’hui, j’ai pensé à toi comme à chaque fois que mes yeux se sont fermés. Pour te dire la vérité, tous les prétextes sont bons pour t’envoyer cette lettre… Laisse-moi te raconter le pourquoi du comment.

Ce matin, j’ai découvert ce paysage comme j’ai découvert tes yeux, la première fois. Mes pensées se perdaient dans autant de branches qu’un flocon peut en posséder. Tout était calme et pourtant…

…De l’âpre pierre aux lointaines collines, 

Je ressentais ta présence.

Est-ce que tu te souviens de ces longues promenades en forêt ? Ces jours où les brindilles sur lesquelles nous marchions, craquaient sans raison ? Ces jours où l’eau des rivières semblait plus glaciale que d’ordinaire et où le vent griffait nos visages. Les rayons du soleil eux-mêmes ne parvenaient pas à traverser l’épais manteau hivernal. Seul ton sourire parvenait à percer mon cœur. Ces promenades où tu ne pensais qu’au chocolat chaud de ta maman… Cette odeur de cannelle qui m’enivrait tant. Ces promenades où ton nez et tes oreilles rougissaient, tout comme mes joues. « C’est certainement à cause du froid » que je te disais. N’oublie pas…

…Cette saison, tu la connais

Oh. Et, tu te rappelles ? Nos jeux d’enfants ? Nous nous amusions à souffler pour voir la fumée sortir de nos bouches. Tantôt, nous faisions comme les grands et nous « fumions », tantôt, nous imitions la locomotive à vapeur ! Parfois même, nous soufflions dans nos mains pour y emprisonner la fumée. Le jeu que je préférais était celui où tu prenais mes mains gelées pour les réchauffer avec ton souffle bienveillant. Aussi stupide que cela puisse paraitre…

…Tu m’offrais la chaleur,

Une flamme innocente et clémente.

Oui. Le paysage a légèrement changé maintenant que tu es là-bas. Les collines sont toujours là, les arbres dégarnis aussi mais c’est un autre paysage qui empathie de ton absence. Celui-là est inaccessible pour les yeux. Il est nourri et fleurit à chacun des moments de ma vie mais jamais, il ne s’est rétabli. Je garde jalousement les graines de ce souvenir en espérant le voir fleurir à nos retrouvailles. Ne t’inquiète pas, personne n’y touchera.

Je te dis à bientôt car, comme les hivers, je sais que tu reviendras...

Écrit par David Jacquot, étudiant du CFA

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Nous te proposons de compléter ton expérience en écoutant cette musique :

Agnes Obel, Run Cried the Crawling 

https://www.youtube.com/watch?v=HpFAPApnzGE

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